Révolutions Pourquoi me levé-je ? Pourquoi travaillé-je ? Aujourd’hui, ces questionnements sont partagés haut et fort sur les réseaux sociaux. « I quit l’idée d’une carrière en économie pour devenir jardinier-animateur », claironne un jeune, « I quit l’informatique pour devenir hypnothérapeute à Montréal », revendique une femme sur Instagram. Un mouvement dit de la Grande Démission a lieu en Europe et aux États-Unis. Depuis fin 2021, la France connaît un nombre historique de 520 000 démissions par trimestre. Ces départs massifs coïncident avec un mouvement de désengagement : le quiet quitting (démission silencieuse). Des salariés restent en poste, mais lèvent le pied. Ces phénomènes, difficiles à chiffrer, sont peut-être éphémères, mais ils interrogent nos motivations profondes et pécuniaires au travail. Alors, prenons de la hauteur. Dans ce numéro, un article raconte le Congrès TWR 2022 : ce salon milanais réunit des penseurs qui réfléchissent à l’avenir du lieu travail. Un autre papier propose une réflexion sur la participation, cette « part que chacun veut bien consacrer à son engagement ». Un article sur les bureaux cocons nous invite à sortir de la « doxa des environnements de travail [qui] privilégie l’ouverture, les interactions, la socialisation » pour réfléchir à notre besoin de solitude au travail. Beaucoup de salariés fatiguent d’être sans cesse en performance (to perform, jouer un rôle). Sous les yeux de ses pairs, en open space ou en visio face caméra, on n’est jamais soi. Et c’est épuisant, surtout pour lesdits introvertis. Les bureaux cocons peuvent aider à s’abriter et, ainsi, à créer des espaces de sincérité. Je vous souhaite une bonne lecture de ce numéro 66, placé sous le signe de la révolution. Silencieuse ou fracassante, à vous de décider.

Editorial d'Alain Boisson